Publié le 27/03/2022 à 16:00
Par Marie-Estelle Pech
Depuis le début de la guerre en Ukraine, les agences matrimoniales françaises spécialisées en femmes d’origine slave sont débordées de demandes d’hommes qui se voient déjà au bras d’une magnifique créature désespérée. Sans complexe.
C’est une conséquence peu glorieuse de la guerre en Ukraine. Dès les premiers bombardements, Kateryna Baratova, responsable depuis 2011 de l’agence matrimoniale marseillaise Au cœur de l’Est, a vu des hommes l’approcher « comme des vautours », appâtés par les photos léchées de son site internet. Elle reçoit « quasivingt fois plus de messagesque d’habitude par mail ou téléphone » depuis la fin de février, raconte-t-elle, alors que, ordinairement, elle enregistre une petite dizaine de demandes d’inscription par mois.
Beaucoup se disent prêts à accueillir « gratuitement » une Ukrainienne célibataire en détresse. Certains vont, sans vergogne, jusqu’à préciser l’âge ou la couleur de la chevelure désirés. Sans surprise, les 18-30 ans ont la cote. « Lorsque j’ai répondu à l’un d’eux que s’il voulait rencontrer un jeune mannequin ça ne serait pas gratuite, il m’a quasi injuriée, m’expliquant que je gâchais l’occasion de sa vie, raconte-t-elle. Tous les célibataires désespérés pensent qu’ils vont pouvoir se marier avec l’équivalent d’Adriana Karembeu. » Il faut bien reconnaître que l’inscription (entre 1 600 et 2 500 €) n’est pas accessible à tout le monde…
Franchir le pas
Certaines femmes se sont réfugiées dans l’Hexagone, où plusieurs responsables d’agence comptent organiser désormais ces rencontres franco-ukrainiennes. La situation de guerre a aussi précipité la décision de celles qui hésitaient à franchir le pas : « L’une d’elles oscillait depuis des années. Elle vient de rejoindre son prétendant français à la frontière polonaise » relate Kateryna Baratova. Plus généreusement, d’anciens clients, désormais mariés, proposent leur aide sans condition, y compris à des familles entières.
Motivations
La motivation première n’est vraisemblablement pas l’accès à un emploi. Ils, ou plutôt elles, viennent pour d’autres raisons dans un premier temps : des études, un stage, être jeune fille au pair ou rejoindre un conjoint. Sur 100 mariages franco-slaves, 95, en moyenne, réunissent un époux français et une épouse étrangère, notent les auteurs.
Côté hommes de l’Ouest, les profils et motivations sont toujours les mêmes : ils appartiennent à certains milieux sociaux où il est difficile de faire des rencontres (notamment dans le monde rural), sont souvent mal à l’aise face aux transformations des rôles masculin/féminin au sein du couple et aspirent à renouer avec des normes traditionnelles. De leur côté, les femmes de l’Est, elles, font valoir, pour expliquer leur venue, la dégradation des conditions socio-économiques, les violences conjugales et les difficultés à se remarier après un divorce.